L'architecte doit présenter un projet juridiquement possible
Qu'en est-il pour un maire qui accorde un permis illégal et son service d'urbanisme qui vérifie la conformité de celui-ci avant d'accorder son autorisation administrative ?
"L'architecte doit donc fournir, selon la Cour de cassation, un projet conforme à la réglementation locale exprimée dans un Plan d'occupation des sols (POS) ou Plan local d'urbanisme (PLU), mais également conforme à la loi.
Ceci revient à exiger de l'architecte qu'il vérifie que le POS ou PLU soit bien conforme à la loi exprimée dans le code de l'urbanisme. Il doit informer son client si tel n'est pas le cas.
Un architecte avait reçu pour mission de construire une maison dans une zone de montagne soumise aux obligations particulières de la "loi montagne" de 1985, qui interdit le mitage, c'est-à-dire la réalisation de constructions éloignées des zones déjà bâties. Le projet, situé à deux cent mètres du village, ne respectait pas cette obligation, mais il était cependant bien situé en zone constructible du POS communal.
Tout en étant conforme à ce document, il n'était donc pas conforme à la loi et le permis de construire a été annulé par le tribunal administratif.
L'architecte a été jugé responsable de l'arrêt du projet car il aurait dû, non seulement attirer l'attention de son client sur les risques juridiques d'un tel projet, fondé sur un POS contraire à la loi, et aussi respecter lui-même les règles légales.
L'architecte soutenait, à tort, qu'il n'était pas tenu de vérifier la conformité du POS ou PLU à la loi.
En 2012, la Cour avait précisé que l'erreur de la commune qui délivre un permis nul n'exonérait pas ce professionnel de toute responsabilité. Elle ajoutait que l'architecte obtenant un permis de construire annulé par la suite en justice était susceptible de devoir rendre ses honoraires."
(Cass. Civ 3, 7.4.2015, N° 405/AFP).